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Jacques Martin (II) (Traducteur)
EAN : 9782253153931
693 pages
Le Livre de Poche (15/10/2002)
4.14/5   510 notes
Résumé :
"Qu'adviendrait-il si, un jour, la science, le sens du beau et celui du bien se fondaient en un concert harmonieux ? Qu'adviendrait-il si cette synthèse devenait un merveilleux instrument de travail, une nouvelle algèbre, une chimie spirituelle qui permettrait de combiner, par exemple, des lois astronomiques avec une phrase de Bach et un verset de la Bible, pour en déduire de nouvelles notions qui serviraient à leur tour de tremplin à d'autres opérations de l'espri... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (41) Voir plus Ajouter une critique
4,14

sur 510 notes
Présenté par certains comme le maître-ouvrage d'Hermann Hesse, vanté plus que de raison par Thomas Mann, le Jeu des Perles de Verre déçoit le lecteur pourtant averti que je suis et plutôt enclin à aimer cet auteur allemand qui a choisi comme Romain Rolland de se situer au-dessus de la mêlée dès l'instant où son pays, l'Allemagne a choisi de faire la guerre à la France et à la Grande-Bretagne en 1914. de son refuge en Suisse, de sa thébaïde, il aurait pu donner au monde une oeuvre plus inspirée que ce pavé indigeste, au discours verbeux, aussi lourd et peu spirituel que Narcisse et Goldmund - son vrai chef-d'oeuvre - fut aérien et superbe. L'histoire est certes intéressante, et l'on voit bien le cheminement du héros principal, prétexte à faire un roman d'initiation ou d'apprentissage à la mode goethéenne ; mais la référence, par excellence dans le genre, le Wilhelm Meister, n'est justement pas détrônée. On a là des pages qui se succèdent et qui ne présentent pas - ou plus - un grand intérêt, comme si ce livre qui aurait pu être le couronnement de toute la production de Hesse avait manqué son objectif, celui d'être un beau témoignage de l'utilité d'une vie spirituelle par opposition au monde matérialiste construit au XXe siècle et tout autant en ce premier quart de XXIe siècle. Hesse est passé à côté de ce qui aurait pu faire date dans son travail littéraire.
Ce livre est plein de longueurs et parfois il assomme et finit par ennuyer. C'est du moins mon ressenti. Je reste le l'admirateur inconditionnel d'autres romans.
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Ce livre est un pur chef d'oeuvre. Si Demian a constitué une forme de guide pour l'adolescente que j'ai été, le jeu des perles de verre va peut-être jouer le même rôle pour l'adulte que je suis. Après la première lecture, je me sens pleine de l'histoire de Joseph Valet, à la fois enrichie et apaisée... et j'ai l'impression que chaque relecture m'apportera découverte et sérénité.

Le Jeu des Perles de Verre occupe une place importante et a donné son titre au livre, pourtant je n'ai toujours pas compris de quoi il s'agit réellement, malgré les longues explications érudites du début. Alors, je l'ai vu comme une allégorie d'une activité à la fois spirituelle, artistique et intellectuelle, et j'ai imaginé les grands jeux annuels comme des cérémonies associant concert et méditation. de même, ce monde futur imaginaire et la province pédagogique de Castalie m'ont semblé très éloignés de notre réalité; de fait, ils ne constituent pas un modèle de société mais plus un décor poétique. Bref, ce n'est pas le roman d'anticipation que j'ai apprécié mais bien le conte philosophique, la biographie du Ludi Magister Joseph Valet.

C'est ce personnage aux talents et à la destinée extraordinaires qui donne tout sa force au récit. Il est très paradoxal, à la fois extrêmement doué et presque naïf, naturellement taillé pour le pouvoir et pourtant humble, constamment assailli de doutes malgré sa profonde sagesse, doté d'un vrai talent de psychologue pour jauger ou stimuler ses proches mais foncièrement seul, grand défenseur de Castalie alors même qu'il en a perçu les failles et les limites... Son beau chemin, fait notamment de rencontres avec des êtres hors du commun, tels le Maître de Musique ou Jacobus, ainsi que d'étude, de spiritualité, d'aspirations, de perfectionnement permanent de ses talents, pourrait être une vraie source d'inspiration. Pourtant il y manque quelque chose, au delà de ce qu'il craint pour Castalie : le réel, la vie jamais parfaite, parfois médiocre, mais réelle. Alors on imagine bien pourquoi il quitte ce cocon d'esthètes occupés à analyser la prononciation du latin au XIIe siècle ou autre sujet pointu improbable, mais qui n'ont pas le droit de se marier, de s'amuser ou de s'enrichir...

Bilan : un livre magnifique, un peu ardu par moment, mais qui vaut la peine d'être lu, relu et médité.
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Je me souviens d'avoir lu ce livre quand j'avais vingt ans. Il m'était conseillé fortement par mon directeur de recherches en musicologie !
Je me rappelle qu'il s'agissait d'une nouvelle "religion" qui déifiait l'art, la culture et la science, tout ce bagage intellectuel de l'humanité entière à travers les siècles. L'héro s'arrêtait à n'importe quel temple ou église ou mosquée qui se trouvait sur son chemin pour prier, car tous ces lieux l'inspiraient de la même façon. Sans oublier Vichnou, l'une des principales divinités du brahmanisme ! C'était donc une spiritualité universelle. Ces idées se rapprochent avec le courant de Kunstreligion (art comme religion).
La notion du Jeu y était aussi très importante. L'expression Homo ludens insiste sur l'importance de l'acte de jouer. En effet, la thèse principale est que le jeu est consubstantiel à la culture.
Ces derniers temps je me suis habituée aux lectures plus légères et "profanes" et je n'ai plus le courage de relire cette oeuvre magistrale. Des histoires d'amour m'empoignent d'avantage ! Mais il a fallu que je passe par Hermann Hesse pour être ce que je suis. C'est une lecture qui tire vers le haut à condition qu'on fournisse un effort de concentration. Car on est facilement "déconcentrés" par toutes sortes de crises actuelles.
Et voilà où je veux en venir : notre site Babelio est aussi un terrain de jeu des perles de verre ! On y jongle avec des citations et des critiques ! On y déifie l'art littéraire !
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J'ai essayé d'imaginer ce que pouvait être ce jeu des perles de verre.
D'abord un simple boulier chinois, mais encore un peu lourd pour que les pensées s'envolent au-delà des mathématiques. Puis une sorte d'arbre dont les feuilles seraient des perles qui bruissent au rythme de la mélodie du vent. Ou alors une cascade faite de perles d'eau étincelant au soleil, murmurant en descendant de la montagne, jusqu'à une petite clairière silencieuse.
Ou bien c'est le jeu de la vie et de la culture, qui s'égrène sans cesse sur une roue, de barreau en barreau, en tintant comme les étoiles dans l'univers, filant dans un univers sans fin.
Dans tout les cas, il s'apparente à une méditation, une contemplation, une tentative de tout rassembler en une phrase magique, une mélodie universelle.

Au cours de ma lecture, j'ai pensé à ce livre : « La formule préférée du professeur ». Ce roman de Yôko Ogawa qui mêle poésie, mathématiques et musique, et en fait une formule magique. Ce vieux professeur, maître d'un seul élève, jouait un peu lui aussi à ce jeu.

Un autre livre m'est venu à l'esprit. Celui des éveilleurs, de Pauline Alphen, avec la magie des nomades de l'écriture, entre méditation, émerveillement et spiritualité.

La lecture fait aussi partie de ce jeu des perles de verre, chaque livre est une perle, de perle en perle on avance, on fait des liens, et on partage ici sur Babelio.

Cette méditation faite de musique de l'univers, rassemblant toutes les connaissances en une formule magique, est réservée à une élite, l'homo ludens, celui qui joue, qui ne se frotte pas à la réalité, à la société, au siècle, avec son Histoire, ses guerres, sa misère, ses angoisses.

C'est là que cet homme nouveau se réfugie. Mais cet endroit est-il viable s'il ne fait que penser la vie, la jouer, sans la vivre vraiment, sans créer et partager? Toute organisation est éphémère. La vie n'est pas qu'un jeu. L'homme n'est pas qu'esprit, il est aussi nature.

Joseph Valet a gravi tous les échelons pour parvenir au poste suprême de Maître du jeu de perles, le ludi magister. À travers son parcours, on découvre les failles qui régissent ce monde castalien, un monde utopiste qui a oublié l'essence même du mot ludi magister.

Joseph se rend compte de la stérilité de cette aristocratie de l'esprit, de son orgueil, de son aveuglement, de sa fragilité.

Le maître du jeu de perles est avant tout et surtout un maître d'école. Il transmet, il éduque et passe le flambeau. Et ainsi tout recommence, le savoir s'étoffe, la roue tourne et s'embellit, en accueillant le plus grand nombre.

C'est un roman d'anticipation qui demande de la concentration. Mais cet effort est amplement récompensé. Je n'ai pas eu l'impression qu'il se situait à une époque lointaine. Il aurait tout aussi bien pu se situer à notre époque. On ne parle pas d'évolution technique. Les hommes ont peut-être pris peur et ralenti l'évolution, en se rendant compte que la science et ses découvertes mènent souvent à la destruction, au mal être, plutôt qu'à l'épanouissement.

Un roman si riche qu'il apportera à chaque nouvelle lecture toujours autant de plaisir. Il faut se laisser emporter par la musique, par la formule magique qui en émane.
Tellement riche que je ne peux en donner que quelques impressions sans en faire une critique approfondie, comme d'autres l'ont fait.

J'avais d'abord commencé ce livre par l'avant-propos et la préface de l'auteur. Je me suis sentie perdue. Alors, je l'ai posé et attendu quelques semaines avant de m'y remettre, en me plongeant directement dans l'histoire. C'était beaucoup mieux
En lisant l'avant-propos à la fin, cela m'a apporté un complément appréciable, et même indispensable, sans me noyer.
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C'est la deuxième fois que je lis ce roman. Je suis un grand amateur Hermann Hesse. Je pense à la Tholos de Delphes au pied de laquelle j'ai autrefois dormi. Magister Valet livre traduit par Jacques Martin. Calmant Lévy. La cohue ou des alignements de perles multicolores sur un boulier rustique. L'âge de la page de variétés. La musique jouait un rôle déterminant dans la vie de l'Etat et de la cour. Joculator. Avertissement chinois. le théâtre magique comme dans le loup des stepppes. L'arrivée dans le monastère les Frenes me fait penser à l'Orniere la maison de l'hellas. Les douces brises se sont éveillées. Des écoles de Castalie. Ce livre ne m'a été conseillé par personne. La vérité se vit mais ne s'enseigne pas. En fait et ce n'est pas nouveau, je decouvre ce roman. J'ai moi aussi essayé d'imaginer ce jeu. Notre jeu est une discipline. Dans le Vicus lusorum ou il y a un caractère encyclopédique. L'amor fati domine. le maitre d'école est le bois de hêtre orgueilleux. Famulus Designori, je ne sais pas simplifier ma critique. ! Joseph ! L'ars moriendi est un art de perir. La maya, la maya.
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Citations et extraits (89) Voir plus Ajouter une citation
Cœur, quand la vie t'appelle,
Sois paré à partir et à recommencer,
Cours, vaillant, sans regret,
Te plier à des jougs nouveaux et différents.
En tout commencement un charme a sa demeure,
C'est lui qui nous protège et qui nous aide à vivre.
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Je voudrais vous faire voir la voie que j'ai suivie en tant qu'individu, qui m'a amené maintenant hors de Celle-Les-Bois, et me conduira demain hors de Castalie. Ecoutez moi encore un instant, ayez cette bonté !
"pendant mon stage chez le père Jacobus, j'avais découvert que je n'étais pas seulement un castalien, mais aussi un homme, et que le monde, le monde entier, me concernait et avait le droit de me voir partager sa vie. (...) Dans l'optique des castaliens, la vie du siècle était un élément arriéré et de valeur secondaire, une existence de désordre et d'instincts primitifs, fait de passions et de dispersion, sans beauté, sans rien qui méritât le désir. Mais le siècle et sa vie étaient en vérité infiniment plus grands et plus riches qu'un Castalien ne pouvait se les représenter, le monde était plein de devenir, d'histoire, d'essais et d'éternels recommencements ; il était chaotique, mais il était la patrie et le sol nourricier de tous les destins (...)
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Il se sentait alors de taille à tout faire, et à d'autres moments il était capable de tout oublier et de rêver avec un attendrissement et un élan nouveaux chez lui, d'écouter la pluie ou le vent, de contempler fixement une fleur ou le courant de la rivière : il ne comprenait rien et il sentait tout, emporté par un mouvement de sympathie, de curiosité, de volonté de comprendre, entraîné de son propre moi vers un autre, vers l'univers, le mystère et le sacrement, vers la beauté douloureuse du jeu du monde phénoménal.
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Il s'assit et joua délicatement, très bas, une phrase de cette sonate de Purcell qui était l'un des morceaux favoris du père Jacobus. Comme des gouttes de lumière dorée, les sons filtraient dans le silence, si bas qu'on entendait encore dans les intervalles chanter la vieille fontaine qui coulait dans la cour. Tendres et sévères, austères et douce, les voix de cette musique gracieuse se rencontraient et se croisaient ; elles dansaient, vaillantes et sereines, leur ronde intime à travers le néant du temps et de la précarité ; éphémères, elles donnaient à l'espace et à cette heure nocturne l'ampleur et la grandeur de l'univers et, quand Joseph prit congé de son hôte, le visage de celui-ci avait changé : il s'était éclairé, et en même temps il y avait des larmes dans ses yeux.
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Il a dit un jour, en plaisantant, à son ami Tegularius : "Il y a des princes qui, leur vie durant, ont été tourmentés d'un amour malheureux pour leurs sujets. Leur coeur les attirait vers les paysans, les bergers, les artisans, les maîtres d'école et leurs petits élèves, mais il leur arrivait rarement d'en voir ; ils étaient toujours environnés de leurs ministres et de leurs officiers, qui dressaient comme un mur entre eux et leur peuple. C'est ce qui arrive aussi à un Magister. Il voudrait approcher des hommes et il ne voit que des collègues, il voudrait voir de près des élèves et des enfants et ne rencontre que des gens instruits et des membres de l'élite."
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