Tant qu'il le faudra est une histoire initialement publiée sur le site WattPad. Mais voilà, lire des romans sur un écran d'ordinateur ou de téléphone, ça ne me plaît pas des masses. de fait, j'étais contente, l'été dernier, d'apprendre que ce roman de Cordélia allait être publié en livre papier par les éditions Akata. Surtout, j'étais curieuse de savoir ce qu'allait donner ce fameux récit dont j'avais déjà pas mal entendu parler.
Tant qu'il le faudra, c'est l'histoire de plusieurs jeunes qui ont l'âge d'être à la fac. Toustes font partie de la communauté LGBT+ et ont rejoint l'association HoMag, qui publie un magazine bimestriel sur des thématiques lesbiennes, gays, bi, trans… Chacune de ces personnes ayant intégré l'asso a ses raisons : que ce soit pour rencontrer des gens, pour s'occuper ou militer, s'engager, elles ont toutes des raisons qui leur sont propres. Nous suivons alors plusieurs personnages dans ce livre ; Tant qu'il le faudra est un roman choral. Cela peut parfois déplaire mais, pour ma part, j'aime beaucoup car cela nous permet de suivre des individus aux parcours variés, de découvrir différentes façons d'aborder les choses, etc. Ainsi nous avons par exemple Prudence qui, elle, découvre le monde associatif et rencontre pour la première fois un groupe de personnes avec qui elle peut être elle-même, assumer son homosexualité sans s'interroger sur les réactions des gens s'ils apprennent qu'elle est lesbienne. C'est d'ailleurs par elle que débute le roman et c'est donc par elle également que nous découvrons HoMag, avec les appréhensions qu'elle peut ressentir et que n'importe qui peut avoir lorsqu'il ou elle rejoint une association : ne connaître personne, réussir à intégrer un groupe, se faire une place au sein d'une équipe déjà formée, c'est rarement évident. Il y a aussi Jade qui débarque dans l'association ; pour le coup, c'est très compliqué pour elle car elle se déplace en fauteuil roulant, or les locaux sont dans un immeuble sans ascenseur, et pas au rez-de-chaussée, c'eût été trop simple ! Elle se retrouve à devoir prévenir bien en avance afin qu'un lieu plus accessible soit réservé, sinon elle doit participer aux réunions en visio. Si vous avez lu ce roman ou si vous avez déjà été dans une association, vous savez à quel point c'est sympa de se retrouver après les réunions autour d'un café ou d'un verre ! Mais si vous participez à distance, cela s'en retrouve fortement compromis, de même que les liens que vous pourriez tisser.
Je ne vais pas vous faire une liste exhaustive des personnages et des vécus de chacun mais, disons-le clairement, le casting est très varié : des hommes, des femmes, des personnes trans, lesbiennes, bisexuel·les, gays, des racisé·es, etc. J'avais une crainte à ce sujet : que ça en devienne un récit fourre-tout, « regardez comme il y a de la diversité dans mon roman ». Et à ce sujet, on ne peut pas dire le contraire, les personnages sont tous très différents les uns des autres, que ce soit par leur taille, leur corpulence, leur couleur de peau, leurs aptitudes, leurs intérêts… Pourtant, si cela peut nous paraître de prime abord un fourre-tout, il n'en est rien. Au contraire, cette richesse nous permet de nous retrouver un peu dans chacun des héros·ïnes de ce roman et, surtout, c'est réaliste. Quand j'étais à la fac, j'ai moi aussi rejoint une association LGBT+ et, ces personnes que l'on rencontre dans le roman de Cordélia, je les ai côtoyées, j'ai échangé avec elles, on a bu des verres ensemble… Et j'en fais partie, moi aussi. En vérité, cette diversité, elle est partout, on la trouve au quotidien, il n'y a pas besoin de chercher loin, il suffit de sortir de chez soi.
Mais revenons-en à ce premier tome de Tant qu'il le faudra : l'histoire était parlante pour moi ayant vécu ce genre de vie associative ; cette dernière est le fil conducteur du récit mais il nous permet surtout de découvrir des personnes et de nous attacher à elles. A noter que, même si ce n'est pas flagrant en lisant les premiers chapitres, on constate que la narration (à la première personne) change en fonction des personnages. Evidemment, avec autant de protagonistes, il est difficile de tous les apprécier de la même façon et, finalement, Prudence et Gwen m'ont à peine effleurée alors que Galahad a fini par me toucher ; j'ai également beaucoup aimé Jade et Ina.
Aussi, s'il y a des histoires d'amour, d'amitié, de militantisme…, il y a aussi de la violence avec des LGBTphobies, du racisme, du validisme, etc. A cette attention, l'autrice présente au début du roman ce que l'on peut trouver dans certains chapitres afin de prévenir les lecteurs et lectrices – une bonne attention car nous n'avons pas toustes les mêmes vécus ni les mêmes sensibilités.
En revanche, il est question de la galère que c'est de maquetter (faire la mise en page d') un magazine et de la pénibilité de la chose or, comme c'est mon métier, je ne peux pas être d'accord avec ça ! Mais bon, je ne suis nullement objective sur le sujet, et j'ai en vérité bien conscience que, lorsque l'on ne connaît pas bien les logiciels, même avec des gabarits, ça peut être long et pénible… Et il y a un autre point sur lequel j'ai tiqué : le RER C après 22h30 à Vitry ? Si seulement ! Mais ça n'existe plus depuis plusieurs années déjà, hélas. Voilà, c'était pour mes points « négatifs » (qui m'ont fait sourire, à dire vrai).
Je mentirais en disant que Tant qu'il le faudra est le roman de l'année, toutefois il est indéniable que j'ai passé un bon moment. Ce premier tome m'a plu, je me suis laissée prendre au jeu et j'ai désormais envie de découvrir la suite ; le récit s'arrête après les fêtes de fin d'année et j'ai déjà envie de retrouver ces héros et ces héroïnes pour les suivre alors que le printemps arrivera : qu'adviendra-t-il des couples, des amitiés ? Est-ce que certain·es arriveront à faire bouger les choses, à rendre le magazine plus militant ? Et un personnage central au récit et au sein de l'association ne risque-t-il pas le burn-out ? Que de questions, alors vivement la suite !
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